Association Martiniquaise des Amis des Volcans Verts de la Caraïbe

Ce circuit permet de découvrir le volcanisme du Morne Bigot et la végétation de la Ravine de l'Anse Noire appartenant à la sous-unité 3.

CAROLE Joannie 03/2020

Circuit Ravine Anse Noire/Gallochat


Présentation

Circuit de 2 km 300 de niveau 1 - 3h aller retour - dénivellé 66 m

Se garer sur le parking dominant la plage de l’Anse Noire aux Anses d’Arlet

Départ du sentier au niveau de la plage de l'Anse Noire à droite des escaliers

Arrivée école maternelle de Gallochat.


Arrêts :

La falaise, en bord de plage, présente des couches de couleur et de consistance différentes correspondant à des phases de dépôts éruptifs (blocs aux arêtes pointues), de dépôts sédimentaires et de dépôts éruptifs remaniés. Ceux-ci formés de blocs plus ou moins arrondis de type fluviatile témoignent, dans un passé relativement lointain, l’existence d’une rivière en fond de vallée. Les arrivées successives de produits éruptifs ont comblé progressivement cette vallée pour former l’Anse Noire de l’Anse Dufour. Une belle coulée de lave massive et rigide chapeaute le tout.

La coulée de lave, issue du complexe volcanique du Morne Bigot, à l’origine de sa formation se trouvait au fond la vallée. L’érosion des terrains plus anciens et moins résistants causée par les ravines de l’Anse Noire et de l’Anse Dufour encadrant la coulée la fait apparaître, de nos jours, en position perchée (en relief). C’est un cas typique d’inversion de relief en contexte volcanique. Là où il y avait une vallée, il y a maintenant une pointe encadrée par deux vallées.

Le Morne Bigot, volcan péléen a subi un méga-glissement l’étêtant. La belle cuvette ceinturée à l’origine du réseau hydrographique relativement important de la ravine n’est autre que le cratère déplacé de ce morne. En explosant, il a pulvérisé les roches, libérant les minéraux ferromagnésiens contenus. Transportés jusqu’à la baie parmi les sédiments, de par leur poids, ils s’accumulent sur la plage par le brassage du flux et du reflux permanent fonctionnant comme une table de sélection de la densité. Seule une forte houle Nord permet l’entrée dans la baie de sable blanc d’origine corallienne.

La remontée de la ravine se fait dans un sous-bois dont les arbres les plus hauts montent à une hauteur de 25 m environ. La ravine est profonde et encaissée. L’ensoleillement y est limité. C’est une zone alluvionnaire donc source d’eau. Sa profondeur protège en partie des ouragans. Ces conditions topographiques créent les conditions de développement d’une végétation mésophile (moyennement humide) dans une région parmi les plus sèches de la Martinique. C’est ce que l’on appelle une inversion de végétation..

La falaise présente un profil intéressant. La couche massive à sa base correspond au toit d’une ancienne coulée de lave. Une autre partie moins compacte mais consolidée avec des éléments de taille différentes mélangés et unis par un ciment extrêmement fin caractérise un dépôt de nuée ardente cimenté phénomène rare dans le Sud. La falaise révèle le volcanisme mixte du Morne Bigot a eu des phases effusives et des phases péléennes. De nos jours, les variations de dynamismes éruptifs sont expliquées en grande partie par des variations d’étanchéité de la cheminée volcanique.

Le cedrela odorata est un arbre de la forêt primitive. Il est reconnaissable à son écorce fissurée et à son odeur. Lorsqu’il est en fleur, il dégage une odeur d’ail permettant de reconnaître l’arbre à une distance d’une cinquantaine de mètres d’où son nom vernaculaire d’Acajou senti ou de bois l’ail. La qualité de son bois et sa couleur raffinée en fait un arbre remarquable surexploité d’où sa vulnérabilité. Sa grande capacité d’absorption de l’humidité fait qu’il est utilisé comme bois de plaquage à l’intérieur des caves à cigares. .

Cet arbre que l’on trouve en Amérique tropicale centrale et dans les Grandes et Petites Antilles est très rare à la Martinique. Sur le tronc on peut voir des fragments d’écorce morte qui se détachent sur une écorce vivante plus claire. Pour fructifier, il a besoin de fortes précipitations. IL peut pendant plusieurs années ne porter aucun fruit si les conditions ne sont pas optimales. Ses fruits comestibles sont de la taille d’une cerise de couleur jaune orange ou rouge foncée à maturité. Ils sont la source d’une liqueur traditionnelle « la Guaveberry » sur l’ile de Saint-Martin.

La ravine présente une très grande concentration de bombes volcaniques. Celle au 1er plan a une forme aplatie ce qui signifie que ce paquet de lave n’était pas complètement refroidi en arrivant au sol. Les fissures mineures à la surface sont peu distendues. Elles indiquent une faible expansion des gaz à l’intérieur de la bombe. La roche en 2nd plan à droite présente des fragments de roches aux angles saillants piégés dans un ciment de lave. Cette brèche volcanique a été formée par injection de lave dans la faille créée par une méga déstabilisation de flanc liée à une éruption du Morne Bigot. .